Trajet en train de nuit. Nous étions dans un compartiment de 6 avec un couple de jeunes suédois, très sympa et habitué aux manipulations d’organisation de la cabine.

Louise et Victor dans le train

Après un passage aux halles de Oestermalm (avec plein de produits français pour faire un peu de chauvinisme culinaire), nous sommes allés au musée d’art moderne de Stockhom.Nous avons vu une exposition temporaire de Britta Marakatt-Labba qui a grandi dans le nord de la Suède près des frontières de la Finlande et la Norvège, dans la culture Sàmi.

Elle réalise des broderies narratives magnifiques. Son exposition s’intitule :

Where each stitch breathes (Où chaque maille respire)

Réflexion sur la lenteur, sur le temps nécessaire pour faire chaque point de broderie, une mise en abîme ; comme un pixel dans une image représentant elle même une réalité beaucoup plus grande ?

Détail d'un tableau de Britta Marakatt-Labba

Cette culture ignore les frontières : le peuple Sàmi probablement issu de la zone géographique de l’Oural a beaucoup voyagé notamment vers les futurs pays scandinaves (Suède, Norvège, Finlande, Estonie). Ces derniers ont d’ailleurs consenti à l’établissement d’un Parlement Sami dans les années 1990, avec un statut consultatif. À noter que ce parlement transnational est aussi reconnu par l’ONU.

D’autre part, la population a été évangélisée de manière intensive au 17e siècle ce qui a provoqué l’exécution de plus de 150 Samis pour sorcellerie à partir de 1621.

Enfin cette culture est très attachée à l’environnement car son mode de vie difficile à cette latitude dépend pour beaucoup de la nature.

Ainsi de par ces caractéristiques l’histoire des Samis peut se rapprocher de celle de l’Afrique ou plus généralement de ce qu’on appelle le “sud global”, qui ont subi les affres du colonialisme. L’oeuvre de Britta Marakatt-Labba dénonce ce colonialisme et insite sur le respect de l’environnement.

Pourquoi évoquer cela dans un blog sur un voyage interrail ?

Parce que précisément lors de nos voyages dans d’autres pays (grâce au décalage réflexif d’être dans un pays inconnu), il est important quand nous faisons face à un échec collectif de notre civilisation évangéliste et colonisaliste, de bien regarder ce passé dans les yeux. Comment prétendre “enseigner” des principes sociaux-culturels “supérieurs” à des écosystèmes dont nous ne connaissions rien des spécificités, en faisant exactement l’inverse des messages que nous voulions faire passer (respect, tolérance, amour de son prochain) ? Pourquoi c’est si difficile de dire “OK, on a merdé” ? Comment interpréter qu’un auteur comme Franz Fanon qui a été un penseur admiré par Sartre soit toujours si peu enseigné ? Pourquoi sa page wikipedia française compte moins de mots que celle en anglais ? Pourquoi le biopic le concernant sorti il y a 5 mois donne toujours l’impression de gèner aux entournures et a été si peu projeté ?

Et si une des réponses, ou en tout cas un premier geste, serait justement de parler, documenter, témoigner de ces faits quand on en est témoin ?

En sortant du musée, au niveau des casiers, nous tombons sur… Raphaël !! Après avoir plusieurs fois pensé à lui pendant ces vacance : nous nous étions ratés en juillet, il y a de quoi se plonger un peu plus dans les mondes parallèles évoqués par les oeuvres de Britta Marakatt-Labba…

Impact carbone

Comme Cologne n’est pas très éloigné de la frontière France/Allemagne, nous allons utiliser l’intensité carbone de l’Allemagne pour le trajet Hambourg-Cologne (152g/kWh) et celle de la France (22g/kWh) pour Cologne-Paris.

trajet type km kgEqCO2/pers.
Stockhom - Hambourg train elec. 810 1,7
Hambourg - Cologne train elec. 451 7,5
Cologne - Paris train elec. 405 1,0
Total   1666 10,2